Arié Botbol est à Tokyo, et il ne cesse de bouillonner d’excitation et de curiosité face à cette ville inconnue. Quelques jours après son arrivée, il pénètre au Tokyo International Forum, non loin de la grande gare. Il est d’emblée fasciné par son atrium de verre majestueux. Le côté Est du Forum, avec ses grands rails de bois blonds rythmés par quelques lucarnes noires, dénote avec la face ouest, tout de verre et de métal vêtue. Il sait qu’il vient de trouver ici le cadre de sa prochaine photographie.
Soucieux de capturer l’instant parfait, il patiente, il laisse filer les heures de pointe et leur affluence bouillonnante. Il en profite pour construire mentalement son cliché. Jouer avec ces lignes géométriques et élancées. Isoler un personnage pour renforcer l’effet d’échelle… Près de deux heures à attendre, il prend quelques photos mais rien ne le satisfait parmi ce flot incessant de visages pressés, fermés. Et soudain, il l’aperçoit, dans un court moment d’accalmie. Elle descend l’escalier roulant, calmement, avec son petit sac à la main. Elle marche le long de la palissade de bois, dans son tailleur Chanel bleu marine gansé de blanc, et son élégant petit chapeau. Arié doit faire vite, il déclenche trois fois. Le premier shoot sera le bon.
Un moment de poésie où, pendant quelques instants, le temps s’est suspendu pour laisser passer cette femme en équilibre sur sa ligne blanche. Ce cliché d’Arié Botbol traduit puissamment la rencontre improbable entre la modernité japonaise, l’élégance française et l’architecte new-yorkais d’origine uruguayenne, Rafael Vinoly. La Funambule est née.
Qu’il s’agisse de paysages saisissants ou de personnages mélancoliques, la mise en scène spontanée d’Arié Botbol dépeint l’être humain et sa solitude face à l’hyper socialisation du monde actuel. Arié Botbol nous partage des moments de parfaite intimité, au croisement d’inconnus qu’il décide d’immortaliser. Ses modèles se laissent photographier par accord tacite. Ils acceptent de nous dévoiler une part de leur personnalité et de leur culture. Rugueuse mais généreuse, pour la population chilienne, ou bien disciplinée mais rebelle à la fois comme l’artiste aime à dépeindre Tokyo. Son jeu avec les lumières environnantes et la géométrie naturelle des lieux choisis nous livre une poésie tantôt émouvante tantôt dynamique et captivante.
Si le cœur vous en dit de poursuivre le voyage, retrouvez plus d’œuvres d’Arié Botbol sur le site de Parégrine.