Engie Solutions souhaitait communiquer sur la chaufferie biomasse La Californie à Rezé, un site industriel peu contesté ces dernières années dans la zone. Le cahier des charges était double. Il s’agissait d'une dimension pédagogique tout d’abord, et de faire passer les bons messages sur la chaufferie auprès des riverains, pour les visites d’école, pour les journées portes ouvertes ou journée du patrimoine.
«On cherche à produire un effet wahou. C'est la première salle que les visiteurs voient quand ils arrivent. Il faut que ça les marque.»
Également, Engie avait à cœur de faire participer les salariés de l’usine pour qu’ils s’approprient la fresque et en soient fiers.
«Nous souhaitons faire de ce projet un événement interne permettant d’associer nos équipes. Nous allons donc les solliciter sur le sujet.»
Pour ce faire, un questionnaire a été soumis en amont aux techniciens de cette chaudière bois qui alimente le réseau de chaleur Centre Loire. On y retrouve ce besoin de présenter la chaufferie comme partie prenante des défis environnementaux de la région : présenter son fonctionnement, la tourner vers l’extérieur, dans un contexte de nature, tout en l’insérant dans le paysage nantais et son histoire. Aussi, les collaborateurs souhaitent une représentation atypique de la chaufferie, confirmant par là ce besoin artistique pour transcrire leur mission.
Suite à ce premier retour, les premières idées d’une fresque où la nature reprendrait ses droits autour de la chaufferie commencent à se dessiner. Néanmoins, s’approprier un projet, c’est visiter les lieux et rencontrer les acteurs du quotidien. Rendez-vous est donc pris à Nantes pour un prise de brief, un échange avec le responsable de site et une visite très instructive des lieux. On insiste beaucoup sur le cercle vertueux des énergies utilisées : le bois provient de récoltes en forêt, du recyclage de palettes ou cagettes non traitées, de produits d’élagage ou de déchets verts. L’eau chauffée circule dans 25 kilomètres de tuyaux jusqu’aux chambres d’échange des bâtiments collectifs. On insiste aussi sur la fierté de desservir des bâtiments emblématiques de Nantes : le Musée des Beaux Arts, la tour LU ou encore l’Île de Nantes.
«On avait vraiment en tête de résumer cela en un seul tableau.»
Ce qui frappe à l’intérieur de la chaufferie, c’est l’enchevêtrement des tuyaux, depuis la zone où sont entreposés les copeaux jusqu’au départ vers la ville. On suit à travers de ce labyrinthe le parcours de la chaleur et tout le soin apporté à apprivoiser une énergie raisonnée. Cela nous conforte dans notre décision de passer au vert.
S’ensuit une phase d’esquisse et d’aller retour d’ajustement. On nous conseille de ne pas faire cuire l’oiseau au-dessus du four et de replacer l'humain au centre de la fresque. On ajuste les monuments choisis pour représenter la ville, les plus reconnaissables, tout en veillant à l’équilibre général du dessin.
Si les tuyaux ne crachent pas des fleurs, la nature s’invite tout autour d’eux. Le parcours est clair : le technicien Engie préside à l’alimentation de la chaufferie, accompagné de la grande pince, pour changer la biomasse en vert. Les tuyaux forment mille chemins à travers le sud de Nantes, au fil d’un parcours où ils croisent ce qu’on fait de plus emblématique à Nantes : la Grue Titan, le Musée des Beaux Arts, la Cascade, la Tour LU, jusqu’aux nouvelles habitations de l’Île de Nantes, car le client était soucieux de montrer les usages.
Engie ne nous donne pas de consignes spécifiques pour les couleurs, cependant nous choisissons de les accorder à celles d’Engie, et celles de la salle, dont l’un des murs mitoyens est ocre. La fresque doit se fondre dans son environnement. La colorisation est aussi le moment de donner de la profondeur et du relief aux éléments qui la composent. La fresque paraît prendre vie.
Avant qu’elle ne prenne définitivement vie au moment de la production. L’impression se fait avec un papier peint dit Jet-Tex, un papier-peint qui cumule les avantages de respecter les couleurs à l’impression, d’avoir une très haute tenue dans le temps, et qui facilite la pose. Celle-ci est effectuée en une demi-journée, à l’aide d’un petit échafaudage amovible.